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  • Tatie Danièle

"Desert dancer" : danser pour résister


L'histoire d'Afshin Ghaffarian est de celles qui inspirent. Pour pratiquer son art, la danse, le jeune homme a tout risqué et a dû fuir son pays, l'Iran. Desert dancer, le premier long-métrage de Richard Raymond, retrace son combat.

Comme beaucoup de danseurs de sa génération, Afshin a découvert son amour pour la danse, enfant, grâce à une copie du film culte "Dirty Dancing", procurée sous le manteau. Car Afshin n'est pas un enfant comme les autres : il a grandi à Mashhad, en Iran, et là-bas, danser en public est interdit.

Grâce au directeur de son école, un homme bon et engagé, il fréquente Saba, un centre artistique clandestin. Pour le petit Afshin, ce lieu devriendra un sanctuaire, un espace de liberté, et cette expérience va profondément le marquer.

Une jeunesse en mouvement

Dix ans plus tard, Afshin Ghaffarian s'installe à Téhéran pour y poursuivre des études d'Arts. Il se lie d'amitié avec d'autres jeunes et navigue avec eux entre deux mondes parallèles : l'un empreint de violence et de censure, exercées par les Basij, une brigade de la moralité, et un univers où la jeunesse assoifée de liberté, s'étourdit dans des boîtes de nuit clandestines, consomme de l'alcool et s'aime sans interdits.

Nous sommes en 2009, à la veille de l'élection présidentielle : Mahmoud Ahmadinejad, le président sortant, est candidat à sa propre succession mais la participation du réformateur Mir Hossein Moussavi au scrutin, insuffle une bouffée d'espoir à la jeunesse iranienne qui se mobilise et manifeste son soutien au cours de nombreux rassemblements.

C'est dans ce climat tendu que Afshin Ghaffarian propose à ses amis de monter une troupe de danse "underground" afin de "reprendre le contrôle de leur vie", de "retrouver un sentiment de liberté, une liberté sans limite".

La rencontre avec Elaheh, brillamment interprétée par l'actrice indienne Freida Pinto (Slumdog Millionaire) scelle le destin de Afshin. Elle va s'entraîner avec lui et ses amis, à l'abri des regards, et leur transmettre tout ce que sa mère, danseuse au Ballet national de Téhéran (dissous après la révolution iranienne en 1979), lui a appris.

Danser dans le désert

Desert dancer offre une réflexion profonde sur la danse en tant que moyen d'expression : "La danse peut être n'importe quoi : dire au revoir, prier à genoux, lever ton poing en l'air parce que tu crois en quelque chose", explique le personnage d'Elaheh à Ashin.

Se libérer de l'oppression en partant à la reconquête de son corps et de ses mouvements est une chose. Mais pour que la liberté soit totale, il faut qu'elle puisse s'exprimer au grand jour, être reconnue, entendue.

Danser sans audience, c'est être condamné au silence. Ca revient à prêcher dans le désert. Et c'est par un contre-pied très poétique que la jeune troupe de danseurs va justement choisir le désert pour se faire entendre et transmettre son message lors d'une seule et unique représentation publique.

La danse devient alors un acte de résistance.

Toutes les chorégraphies du film, conçues par le Britannique Akram Khan, sont sublimes mais celle qui se déroule dans le désert l'est tout particulièrement.

Perdus dans une mer de sable, tels Adam et Eve à l'origine du monde, Elaheh et Afshin vont interpréter le souffle de vie, l'élan de courage qui amène à se redresser mais aussi la violence, la mort... et la renaissance.

Après la réélection contestée d'Ahmadinejad et les violentes répressions qui s'ensuivent, Afshin doit s'exiler en France où il obtient l'asile politique.

Le destin du danseur est tellement poignant qu'on attendait un film beaucoup plus puissant. Le spectateur ressent parfois un flottement émotionnel et reste donc un peu sur sa faim. Mais le film est malgré tout un bel hommage au courage d'Afshin Ghaffarian.

Pour en découvrir plus sur la compagnie de danse d'Afshin Ghaffarian c'est ici :

Desert Dancer

Drame britannique de Richard Raymond

Avec Reece Ritchie, Freida Pinto et Tom Cullen

Durée : 1h38

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